Journal d'Aërwen


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Le Journal de Dame Aërwen - Prologue



(Le personnage d’Aërwen, comme celui de Jorian, se trouve sur le serveur jeu de rôle français Kirin Tor. Le journal de Dame Aërwen est un récit parallèle aux Carnets de Jorian l’Oubli, la même histoire vue d'un point de vue différent. )


« Mon nom est Aërwen Telrunyà, et je suis une enfant de Cenarius. »


Après plusieurs jours de marche, Jorian épuisé passe les majestueuses portes de Stormwind sous le regard pesant des héros des temps anciens. En temps normal, lorsqu’il revient d’une de ses longues aventures, sa première étape est l’auberge la plus proche, tant qu’il y a de la bière et un bon lit. Mais jamais auparavant il n’était revenu d’aussi loin. Cette fois, c’est au bout de son propre passé que s’est achevé son voyage. Alors, il dépasse le quartier commerçant, traverse le canal et pénètre dans l’énigmatique quartier des mages.

Il y a quelques semaines encore, Jorian souffrait d’amnésie chronique, et oubliait systématiquement ce qu’on lui disait et où il se trouvait cinq minutes seulement après l’avoir appris. Pour survivre, la seule solution était de tenir à jour des carnets où il relatait le moindre événement et la plus anodine des rencontres. Il y a toujours un morceau de tissu brodé sur son sac proclamant « TES NOTES SONT ICI SI TU OUBLIES QUELQUE CHOSE ! », bien que ce soit inutile. Ses notes, il les a jetées dans la mer, où elles ont disparu à jamais.

Jorian met rarement les pieds dans le quartier des mages, et ne le connaît pas bien. Non sans un certain empressement, il passe devant chaque boutique en scrutant les écriteaux à la recherche du bon. Son chemin croise celui de deux jolies étudiantes en magie, dont l’une lui décoche un sourire plein de promesses. Qu’importe, dans cinq minutes, il ne se souviendra plus d’elle… Non, tout cela est fini désormais, plus question d’Oublier ! Mais il y a bien plus urgent pour le moment. Enfin, Jorian aperçoit le nom de l’enchanteur qu’on lui a recommandé, et pénètre dans l’échoppe étriquée.


La boutique de l'enchanteur


Après quelques explications au jeune mage, il dépose sur sa table de travail un paquet de parchemins reliés ensemble par une lanière de cuir. Il ne peut s’empêcher de sentir à quel point son sac est devenu léger depuis qu’il ne contient plus tous ses carnets de notes. Le poids des mensonges envolés. Il le sait aujourd’hui, ces carnets n’ont été qu’un outil pour le manipuler. La seule vérité qu’il puisse un jour espérer connaître se trouve dans le journal de celle qui l’a trahie.

« De la magie elfique, oui, murmure le mage, druidique même. Un glyphe magique empêche quiconque qui n’en est pas l’auteur de lire ces pages. C’est pour cette raison que vous et moi ne voyons que des pages blanches. Hum. Ce ne sera pas très compliqué. Revenez dans deux jours, et j’aurais proba… » L’homme s’est interrompu, la dague de Jorian posée sur sa gorge. « Bien entendu, si vous êtes pressé, nous pouvons sûrement trouver un arrangement… financier. » « Je dois savoir, s’entend répondre Jorian. Votre prix sera le mien. »

Une heure plus tard, Jorian sort de la boutique, tenant à la main les parchemins à présent recouverts d’une écriture fine et nerveuse. Enfin, la réponse à toutes ses questions, à tous les secrets que la druide a emportés avec elle – où qu’elle soit allée. Enfin, Jorian s’asseoit sans réfléchir à l’ombre d’un grand arbre du parc des mages, et se plonge dans la lecture du Journal de Dame Aërwen.


L'Eveil


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L'Eveil

J’ai quelques souvenirs de l’ancien monde. Des cités majestueuses, des longues chasses dans la forêt d’Ashenvale, des fêtes des saisons, des enseignements de Cenarius à la levée du jour. En ces temps oubliés, Kalimdor était une terre paisible et la vie au bord du puits d’éternité était douce. Avant la trahison d’Azshara, avant la venue de la Légion Ardente et la Fracture du Monde. Avant le rêve d’Emeraude…

Au moment de l’Eveil, la première chose qui me frappa fut une profonde et sourde tristesse. Sans qu’on ait besoin de me l’annoncer, je savais déjà comme mes frères et sœurs druides que Cenarius, mon mentor, mon père, était tombé, assassiné par des êtres brutaux et haineux : les Orcs. Nombre de druides appelèrent comme moi à la vengeance. Mais il y avait plus urgent et nous le savions, nous savions pourquoi les druides avaient été réveillés : la Légion Ardente était revenue, menaçant de détruire le monde. Les Orcs et une autre des races inférieures apparues durant la Longue Veille, les humains, les avaient attirés par leur utilisation de la magie proscrite par les elfes et leurs chamailleries incessantes. Et c’était à nous, les Kaldorei, qu’ils venaient demander de l’aide aujourd’hui.


La guerre contre la Légion Ardente


Bien que ma formation de druide fût loin d’être achevée, je pris part à la guerre, forte des enseignements du Rêve d’Emeraude. Par je ne sais quel miracle, je survécus à la bataille du Mont Hyjal, où nombre de mes frères et sœurs tombèrent. J’eus l’occasion de voir à l’oeuvre, ce jour-là, toute la puissance destructrice des Orcs alliés aux Humains. Au moment où tout semblait perdu, je jurais tout bas que si je survivais à la guerre, je ferais tout pour que rien ne vienne jamais troubler la paix de ce monde. C’est alors que l’Arbre-Monde, Nordrassil, se sacrifia pour renvoyer la Légion Ardente dans le Néant Distordu et redonner une chance aux enfants de la Nature.

Les années ont passé, tandis que j’aidais mes frères et sœurs à soigner les ravages de la guerre et bâtir notre nouvelle cité, Darnassus. Aujourd’hui, les races inférieures s’agitent à nouveau, menacent de déclencher une nouvelle guerre qui ravagera le monde. Et à nouveau c’est nous, les Kaldorei, seuls véritables habitants de ce monde, qui en souffriront le plus. J’ai parlé avec mes frères et soeurs, certains pensent que je suis folle, quelques-uns sont d’accord avec moi, et sont prêts à me suivre. Mon plan est simple, et s’il réussit, nous pourrons ramener de façon certaine une paix durable sur le monde. Peut-être même retrouverons-nous notre précieuse immortalité, perdue lors du sacrifice de Nordrassil.


A Auberdine, l'Ordre se prépare


Aujourd’hui, il est temps d’honorer ma promesse.

Quel qu’en soit le prix.


Jour 2


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2ème jour de la Décade du Panda.
Auberge de la Rose Dorée, Stormwind.

Je reprends ce journal après l’avoir abandonné pendant quelques mois. Les premiers échecs de notre plan nous ont tous découragés, certains ont même quitté l’Ordre. Mais je ne renoncerais pas à ma promesse. Je suis donc retournée à Stormwind pour tenter de trouver un nouvel humain prêt à accomplir cette sombre tâche.

Depuis une dizaine de jours, j’observe discrètement un humain au nom ridicule de Jorian. Ce n’est qu’un jeune noble ingénu qui cherche l’aventure au hasard des rues de la capitale. Mais malgré sa jeunesse, sa capacité à combattre dans l’ombre est tout à fait impressionnante – pour un humain. Déjà, je peux pressentir en lui de grandes possibilités. Avec un peu d’entraînement, il sera le parfait assassin dont nous avons besoin.

J’aurais voulu attendre plus longtemps, mais le temps pressait. Par l’intermédiaire d’Ilôh, un Petit Homme qui me rendait parfois un service en échange de quelques pièces de cuivre, j’ai fait parvenir à l’humain une lettre laconique, lui donnant rendez-vous dans les sous-sols de la taverne du Solitaire Bleu. Il est arrivé peu après, l’air tendu, sur ses gardes, mais j’eus vite fait de le mettre à l’aise. Après m’être assurée que personne ne le suivait, je l’ai invité à boire une de ces boissons fermentées dont les humains raffolent. Sous l’effet de l’alcool – qui semble encore décuplé sur les races inférieures – j’ai obtenu sa confiance.


Dans les caves du Solitaire Bleu, à Stormwind


Contre de l’argent, je lui ai proposé de travailler pour l’Ordre, sans lui révéler quel était notre plan, ni même notre but. Les pacifistes ne sont pas bien vus sur ce continent de guerriers, sans parler du fait qu’il est peu probable qu’il approuve notre façon de voir les choses. Quoiqu’il en soit, c’est sans importance : il n’a pas besoin de connaître tous les détails pour accomplir son rôle dans notre plan. Je veux toutefois le tester avant de l’engager pour de bon, aussi lui ais-je proposé d’accomplir une quête avec moi. J’ai vu sur le chemin une pancarte mettant à prix la tête d’un gnoll nommé Hogger ; cela me semble une épreuve correcte. Il a accepté.

Nous allons passer la nuit à Stormwind, puis nous partirons demain dès l’aube pour le sud ouest de la forêt d’Elwynn, où a été aperçu le gnoll pour la dernière fois.




Jour 3


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3ème jour de la Décade du Panda.
Auberge de la Fierté du Lion, Goldshire.

Ce fut une catastrophe. Ces humains ne sont que des incapables ! Et dire que j’ai failli écrire à mes frères et sœurs de l’Ordre pour leur annoncer que cette fois, j’en étais certaine, j’avais trouvé le bon ! Je ne peux que me féliciter d’avoir proposé une épreuve à l’humain avant de l’envoyer à Orgrimmar. Voici les évènements tels qu’ils se sont déroulés.

En tentant d’approcher discrètement du gnoll par l’arrière, l’humain a trébuché sur la racine d’un de ces arbres très vulgaires de la forêt d’Elwynn, aux pieds de son ennemi. Il est parvenu à se relever à temps pour éviter le coup de massue, mais le mal était fait. Agacé par ses acrobaties, le gnoll a saisi son ennemi par les pieds et l’a envoyé contre un arbre. L’humain est tombé à terre, inconscient, blessé à la tête.

J’étais terriblement déçue. Tant d’espoirs placés dans cet humain et de temps consacré à l’étudier se trouvaient annihilé par cette ridicule conclusion. J’étais enragée, mais malgré cela, je n’ai pu me résoudre à l’abandonner à une mort certaine. Usant de ma grâce elfique, j’ai attiré le gnoll pour l’envoyer vers un groupe d’aventuriers qui campait un peu plus loin au bord de la rivière. Profitant de la pagaille qui s’en est suivie, j’ai récupéré le corps de l’humain et je l’ai porté à l’auberge la plus proche pour lui prodiguer assez de soin pour qu’il reste en vie. Lorsqu’il est revenu à lui, je lui ais fait boire une potion à base de feuillargent dont j’avais la connaissance, et qui lui ferait oublier tout ce qu’il avait vécu aujourd’hui.


A l’auberge de la Fierté du Lion


Après cela, j’ai payé une chambre pour la nuit à l’aubergiste, et demandé à ce qu’on ne le dérange pas avant son réveil, avec l’intention de repartir le plus vite possible. Mais, maintenant que j’écris, un doute m’assaille. Ais-je mis une ou deux pincées de poudre de feuillargent dans la préparation ? Je ne peux pas me permettre de le laisser en liberté avec le souvenir de ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Cela serait dangereux pour moi, et pour l’Ordre.

Je vais passer la nuit à l’Auberge de la Fierté du Lion afin de m’en assurer. Lorsqu’il descendra de sa chambre demain matin, s’il ne me reconnaît pas, je pourrais partir en paix.



Jour 5


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5ème jour de la Décade du Panda.
Quelque part dans la Marche de l'Ouest

Ce qui s’est passé est stupéfiant. Cela s’est passé il y a plusieurs jours, et pourtant j’ai toujours du mal à le croire, et plus encore à le comprendre. L’humain est descendu peu après le lever du soleil, en regardant autour de lui d’un air désorienté. J’ai senti tout de suite quelque chose n’allait pas. Son regard était comme vide, sans esprit. En bas de l’escalier, il est tombé à genoux, en balbutiant quelque chose. Une humaine l’a aidé à se relever, il l’a regardé d’un air étrange et a articulé avec difficulté ces quelques mots dérisoires :


« Jorian… mon nom est Jorian… »


Visiblement, c’était la seule chose dont il se souvenait. Pour que l’effet soit si puissant, il aurait fallu que je ne mette pas une, ni deux, mais quatre ou cinq pincées de feuillargent. Je ne me trompais jamais dans mes potions, mais la veille, ma rage et mon désespoir étaient tels que j’avais du multiplier les ingrédients par mégarde. L’humain a erré dans l’auberge en apostrophant les clients mal réveillé, est passé devant moi sans me voir, puis est sorti dehors.

J’aurais pu fuir loin de cette auberge maudite à cet instant, mais mon instinct, ou peut-être ma curiosité, m’a poussé à rester. J’ai suivi l’humain dehors. Brusquement, il s’est retourné, à écarquiller les yeux en me dévisageant et s’est exclamé : « Dame Aërwen ». Il se souvenait de moi. Il avait tout oublié, sauf moi. Pire encore, comme je ne tardais pas à m’en apercevoir, sa mémoire disparaissait comme par magie toutes les cinq minutes, l’empêchant de retenir quoique ce soit, si ce n’est mon nom et mon visage. La dernière chose qu’il avait vu en avalant la potion.

Une profonde culpabilité m’envahit soudain. Par cette simple erreur de dosage, j’avais anéanti tout son passé, et par conséquence tout espoir de futur. Bien sûr, il n’était qu’un simple membre d’une race inférieure, mais c’était tout de même un être vivant, une création de la Nature, et mon rôle en tant que druide était de protéger la vie et de détruire ce qui s’opposait à elle. L’humain me dévisageait avec une profonde perplexité, se raccrochait à moi comme au seul repère de son existence. Qu’allais-je faire de lui ?

Brusquement, une idée me traversa l’esprit. Pour que l’humain ne devienne pas un poids, je pouvais en faire un outil. Ce n’était peut-être pas très moral, mais ça l’était déjà plus que l’abandonner à son triste sort. Il me suffisait de lui inventer un passé qui le lie à moi, un but qui le rapproche du mien. Il semblait prêt à croire tout ce qui je voudrais bien lui raconter. Je le prenais par le bras et l’entraînai dans une chambre à l’étage, où nous pourrions nous discuter tranquillement. Tandis qu’il s’installait, l’air hagard, je réfléchissais à toute vitesse. Une histoire d’argent ? De vengeance ? D’amour, bien sûr ! Ces humains vivaient moins d’un siècle et croyaient connaître l’amour ! C’était parfaitement ironique.


L'invention du mensonge


Au fur et à mesure que je parlais, l’histoire s’inventait toute seule. Je savais qu’il ne retiendrait pas grand-chose, et qu’il faudrait souvent lui répéter tout, mais tant mieux, cela me permettrait de faire évoluer l’histoire selon mes besoins, de corriger mes erreurs. L’humain semblait perdu, mais crédule. Je le lançais à la recherche d’une personne inexistante. Cela me permettrait de garder un œil sur lui, de donner un sens à sa misérable existence, et de temps en temps, de lui faire accomplir quelque chose pour moi… gratuitement.

Et qui sait, peut-être au final, servira-t-il tout de même à notre plan ?



Jour 7


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7ème jour de la Décade du Panda.
Une auberge d'Ironforge.

Un humain nommé Taak m’a abordé aujourd’hui à la capitale du royaume des petits hommes. Il est capitaine d’un navire, amarré à Booty Bay pour réparation, et est en ville pour recruter. Il m’a proposé de rejoindre son équipage ; j’ai refusé avec dédain. Maintenant que j’y pense à nouveau, c’est peut-être une erreur. Cela pourrait servir le plan. Je vais écrire à Taak.

J’ai souvent revu l’humain – Jorian – ces deniers jours. Il a eu l’idée de tenir une sorte de journal qu’il a tout le temps à la main, où il raconte les évènements qui surviennent et inscrit les noms des gens qu’il rencontre. Au début, je pensais que cela me jouerait des tours, mais j’ai réalisé que c’était plutôt une bonne chose. Je n’ai plus à répéter sans cesse les choses, et je peux me tenir au courant de ce qu’il fait facilement, et de façon très sûre.

Ses progrès au combat sont stupéfiants. Il a récemment apporté la tête de Hogger aux autorités de Stormwind – sans aucun souvenir de notre mésaventure – ce qui a achevé de balayer mes doutes. Je lui ai proposé de me combattre sans que nous portions réellement les coups, et il a réussi à se libérer du sort d’entrave que j’avais lancé, puis à me mettre à terre avec sa dague sous la gorge. J’ai fait semblant de l’avoir laissé gagner, mais je pense que si ça avait été une véritable situation de combat, il aurait réellement pu me blesser. Ce qu’il sait des Kaldorei lui fait croire que je serais toujours une bien meilleure combattante que lui, et il ne doit surtout pas en douter ; aussi je ne lui proposerais plus ce genre de défi à l’avenir


Sur la route d'Ironforge


Je suis arrivée à la ville des Nains ce matin pour la réunion hebdomadaire de l’Ordre, qui s’est tenue exceptionnellement sur ce continent. Il y avait beaucoup de mauvaises nouvelles – notamment, notre espion à Orgrimmar a été découvert et pendu haut et court par Thrall – et je n’ai pas osé décevoir mes frères et sœurs en leur annonçant que je n’avais pas encore trouvé d’assassin. J’ai menti en racontant que j’avais trouvé l’humain parfait mais que j’avais besoin de temps pour l’entraîner. Ils m’ont évidemment pressé de questions, mais je n’ai rien voulu dire. J’ai honte de ce mensonge, mais la tournure que prennent les évènements au sein de l’Ordre me déplait plus encore. Tous les modérés nous ont quittés aujourd’hui, et la plupart qui restent sont des fanatiques qui veulent déclencher le plan immédiatement et qui commencent à contester mon autorité.

Ais-je vraiment menti ? Plus le temps passe et plus Jorian me semble être véritablement l’humain qu’il nous faut. En plus des ses aptitudes au combat, c’est un être très sympathique, et touchant. Il est plein de bonne volonté, d’initiative, d’intelligence. Et s’il n’y avait pas ce mal dont il souffre, sans doute serait-il au moins aussi efficace que les deux assassins que nous avons déjà envoyés. En fait, ses pertes de mémoires chroniques ne semblent pas réellement affecter son aptitude au combat.

Alors, mes hésitations porte-t-elle vraiment sur ses capacités ? Si j’hésite à en faire notre assassin, n’est-ce pas parce que je me refuse l’idée de l’envoyer à une mort certaine ? Je sais que c’est très mauvais, mais j’ai commencé à m’attacher sincèrement à lui, comme un maître à son élève, ou… une mère à son fils ? L’Ordre ne doit pas s’apercevoir de ces pensées qui me troublent… et surtout pas Jorian.

(En parallèle, le Carnet n°2 de Jorian)


Jour 8


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8ème jour de la Décade du Panda
Salle de méditation, Reflet de Lune.

Je tremble de fièvre. Je viens de rencontrer mon nouveau maître, l’archi-druide de Reflet-de-Lune. Ses révélations… si troublantes. Mieux vaut reprendre depuis le début.

Il y a deux jours encore, je me trouvais en compagnie de Jorian dans les montagnes de Redridge. L’Ordre, peu satisfait de mon avancée en ce qui concernait le recrutement de l’assassin humain, m’avait ordonné – ordonné, à moi ! – de me rendre en territoire réprouvé, en Lordaeron, afin d’y recruter un nouvel espion. Nous recrutons souvent nos espions à Undercity, car les morts-vivants sont facilement corruptibles et ils n’aiment pas beaucoup les Orcs. Quelle race répugnante ! Quoiqu’il en soit, j’avais annoncé à Jorian que la piste de Carol conduisait à Undercity pour qu’il m’accompagne, et nous nous sommes mis en route.


En vue de Lakeshire


Peu avant d’arriver à Lakeshire, nous sommes tombés dans un piège tendu par des araignées. Ce n’était pas la première fois que Jorian et moi combattions côte à côte, et nous avions connu des situations bien plus délicates ; pourtant, quelque chose a mal tourné. Nous avons été séparés, et le nombre de ces affreuses créatures ne cessait d’augmenter. Lorsque j’ai pu achever celle qui me harcelait, j’ai cherché Jorian des yeux, et j’ai hurlé d’effroi. Il était à moitié englué dans une toile d’araignée, sa seule main libre brandissant une dague pour tenir une araignée à distance. Deux autres approchait par derrière et menaçait de le décapiter… je me suis mise à courir vers lui.

Alors, quelque chose s’est produit. Quelque chose dont je n’ai aucun souvenir. Lorsque j’ai repris conscience, quelques instants plus tard, Jorian se tenait au-dessus de moi, l’air hagard, un papier à la main. Partout autour, les araignées étaient mortes, déchiquetées. J’enrageais en comprenant que l’humain avait déjà oublié ce qui venait de se passer. Je lui arrachais le bout de papier des mains. Il était écrit que je venais de me transformer en ours.

Sans attendre, après avoir pris congé de Jorian, je pris à l’écurie la plus proche un gryphon pour me rendre à Stormwind. Là, mon maître druide dut avouer son impuissance, et me renvoyer à son supérieur, à Reflet-de-Lune. Le long voyage vers l’autre continent me laissa le temps de réfléchir à ce qui venait d’arriver. Je savais que certains druides atteignaient un tel degré d’intimité avec la Nature qu’ils pouvaient acquérir la capacité de se changer en animal, mais… moi ?

L’archi-druide de Nighthaven, qui avait déjà été informée de mon arrivée par courrier, m’accueillit chaleureusement. Ce genre de don, m’expliqua-t-il après avoir entendu mon récit, était rare et se manifestait souvent pour la première fois lorsque le druide, ou un être très proche de lui, se trouvait dans une situation de grand danger. Cet humain dont j’avais parlé était sans aucun doute, me dit-il avec bienveillance, quelqu’un de très important pour moi. Jorian ?


Reflet-de-Lune


J’ai une autre explication. Tandis qu’il discourait sur les Volontés et les Vertus de la Nature, je repensais à la promesse que je m’étais faite au seuil de la mort, sur le mont Hyjal. Dois-je considérer ce don comme une approbation de ma quête par la Nature ? J’en suis certaine. La vie doit être protégée à n’importe quel prix, mais si pour cela, il faut prendre d’autres vies. C’est à moi qu’a échu ce don, et à aucun autre druide de l’Ordre. Je sais maintenant que c’est moi, et moi seule, qui suis sur la bonne voie.

L’archi-druide a proposé de prendre personnellement en charge ma formation.

(En parallèle, le Carnet n°3 et le Carnet n°4 de Jorian)



Jour 10


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10ème jour de la Décade du Panda.
Demeure de l'Ordre, quelque part en Teldrassil.

Les choses semblent prendre une tournure favorable. J’ai annoncé à aux membres de l’Ordre que notre assassin avait encore besoin d’un peu temps pour s’entraîner, mais qu’il serait bientôt prêt à accomplir son destin et que j’avais pu infiltrer un espion dans la horde.

Si Cenarius ne m’avait pas enseignée qu’il faut voir en chaque évènement une Volonté de la Nature, j’aurais pu dire que c’est un sacré coup de chance. Il y a quelques jours, la rumeur a commencé à courir à Stormwind qu’un groupe de fanatiques religieux préparaient une expédition partant pour Undercity. C’était une trop belle occasion : si je ne pouvais corrompre un mort-vivant pour en faire un espion, je pouvais le créer de toute pièce.


Rencontre avec Trevor, le prêtre fou.


J’ai donc pris contact avec un humain du nom de Trevor – encore un nom pitoyable – pour lui proposer de me joindre à eux en tant que guérisseuse. Il a accepté immédiatement. La révélation spirituelle qu’il avait reçu de sa lumière – je n’ai jamais bien compris cette religion bizarre que suivent les humains – lui indiquait qu’il devait réunir douze combattants pour sa croisade et les mener jusque chez les réprouvés. Il a proposé à Jorian de se joindre à eux, mais j’ai réussi à l’en dissuader : je savais qu’aucun d’entre eux ne reviendrait de cette folie.

La Flamme Divine – telle était le nom de la secte de Trevor – s’est mise en route le matin à l’aube. La marche a duré une journée entière, ce qui m’a laissé le temps d’étudier chacun des membres de cette absurde confrérie, afin de trouver le meilleur candidat pour notre espion. Il y avait parmi eux l’un de mes frères, un chasseur, et quelques petits hommes, qui étaient éliminés d’office. Parmi les quelques humains, une femme paladin du nom d’Aarhune retint mon attention. Peu bavarde, elle semblait totalement dévouée à ce Trevor, qu’elle dévisageait en permanence, les yeux emplis de foi. Elle était parfaite.

A mesure que nous avancions vers le nord, le paysage devint de plus en plus désolé, et les escarmouches avec les morts-vivants se multiplièrent. Lorsque la nuit vint, cinq héros avaient déjà été emportés par la mort. A chaque fois que l’un de nous tombait, je déposais un glyphe magique sur leur corps, afin que les réprouvés ne puissent souiller leurs corps. Je gardais toujours un œil sur la femme paladin, espérant, mais elle se battait bien.

Alors qu’il faisait de plus en plus sombre, notre petit groupe tomba dans une embuscade tendue par les morts-vivants. Deux petits hommes, mon frère chasseur, ainsi que l’humaine, tombèrent. Après avoir rapidement appliqué les glyphes sur les trois autres, je m’approchais d’Aarhune. Elle respirait encore, avec difficulté. Du sang coulait de sa bouche et elle me suppliait d’appliquer sur elle la marque magique avant de l’achever. Je me glissais à côté d’elle, et murmurait à son oreille : « Navrée, je ne vais pas appliquer le glyphe sur vous. J’ai besoin d’une alliée chez les réprouvés. Lorsque vous naîtrez de votre deuxième vie, vous oublierez tout de la première, mais souvenez-vous de moi. Comme une amie. Nous nous reverrons. »


La mort d'Aarhune


D’un coup de dague, je mis fin à ses souffrances. Pour la forme, j’émiettais au-dessus de son corps quelques feuilles de Doulourante en récitant en darnassien la formule rituelle de la cérémonie du thé Kaldorei. Les autres n’y virent que du feu. Ma tâche accomplie, je me séparais d’eux à la première occasion. Le lendemain, à Stormwind, la rumeur courut que l’ordre de la Flamme Divine avait été massacré.

Quand le temps sera venu, je sais qu’Aarhune me servira efficacement.

(En parallèle, le Carnet n°6 de Jorian)




Jour 14


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4ème jour de la Décade du Gorille.
Auberge de la Rose Dorée, Stormwind.

La nuit dernière, j’ai commis une grave erreur qui a failli tout gâcher, et peut-être même me coûter la vie. Entre l’Ordre qui me pousse à déclencher notre plan au plus vite d’un côté, et Jorian qui fait des siennes de l’autre, je suis dans une situation extrêmement délicate. A l’avenir, il me faudra être plus prudente.

Après une longue journée de marche depuis la Marche de l’Ouest – Jorian ne supporte pas les voyages en gryphon - nous sommes arrivés à Stormwind, où nous avions pris une chambre dans une auberge du quartier commerçant. Epuisée par plusieurs semaines sans sommeil, je m’endormis la première. Je ne me réveillais que quelques heures plus tard, l’esprit aiguisé, avec la vive impression que quelque chose n’allait pas. Très discrètement, j’entrouvris les yeux ; mon sang se glaça. Jorian, en sous-vêtements, assis sur son lit, lisait mon journal à la lueur d’une bougie, en prenant fébrilement des notes.


Jorian lit le journal


A son air stupéfait, je devinais qu’il savait déjà tout : le but de l’Ordre, le plan pour y parvenir, le rôle qu’il devrait y jouer, les véritables raisons de son « accident », la vérité sur tous les mensonges que je lui avais raconté. Une panique terrible s’empara de moi, et je dus faire un immense effort pour continuer à paraître endormie. Ainsi, cet humain était capable de lire le Darnassien ? Maudite soit l’éducation prodigué aux jeunes nobles pacifistes !

Que pouvais-je faire ? Les dagues de Jorian étaient, comme toujours, posées sur la table de nuit, à portée de main. Mon bâton était posé contre un mur, à l’autre bout de la chambre, hors d’atteinte. Préparer un sort d’entrave me prendrait quelques secondes, ce qui suffirait à Jorian pour me maîtriser.

Sans plus réfléchir, je bondis sur Jorian. L’effet de surprise ne suffit pas. L’humain saisit l’une de ses dagues et me repoussa d’un coup de pied avant de se jeter sur moi. Le moment tant redouté était arrivé : Jorian et moi combattions, et je savais que je n’avais aucune chance. Pourtant, alors qu’il eut à plusieurs reprises l’occasion de me porter un coup mortel, il n’en fit rien. Il tentait de me maîtriser, pas de me tuer. Le rapport de forces changea lorsque, propulsé en arrière, Jorian fit basculer le chandelier. Dans le noir complet, je voyais bien mieux que lui. Il ne me fallut pas longtemps pour le maîtriser.

Une fois l’humain ligoté, je commençais par brûler méthodiquement les quelques pages de notes qu’il avait prises en lisant mon journal. Il me regardait avec rage, tentait de se débattre pour se libérer. Lorsque ce fut terminé, je me contentai de m’asseoir sur mon lit, face à lui, de lui adresser un regard le plus inexpressif possible, et d’attendre. Pendant un instant, l’idée de m’enfuir en laissant une lettre une lettre au pauvre Jorian, lui expliquer pourquoi j’avais agi ainsi, avant de tout abandonner, l’Ordre, le plan, tout cela, me traversa l’esprit. Mais je n’en fis rien.

En comprenant ce qui allait se passer, Jorian se recroquevilla et se mit à murmurer tout bas et très vite, comme pour ne pas oublier : « Dame Aërwen se sert de toi, l’elfe est une traîtresse, l’elfe est une traîtresse, l’elfe se sert de… »

Ce matin, Jorian ne se souvenait de rien.

Ainsi, le mal dont est victime Jorian semble n'affecter que sa mémoire récente, et pas ses connaissances plus anciennes. Il m'a fallu prendre une décision pour qu’un incident ne puisse pas se reproduire à l’avenir. Et en aucun cas je ne pourrais envisager d'abandonner l'écriture de mon journal. A la première heure, alors que Jorian dormait encore, j'ai donc rendu visite à Lazara dans le quartier des mages, une jeune magicienne qui m’a déjà rendu un service, par le passé. Elle n’eut aucun mal à apposer un glyphe d’invisibilité sur les pages de mon Journal.


L’arcaniste Lazara


A présent, quiconque autre que moi n’y verra plus que des pages blanches.



Jour 17


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7ème jour de la Décade du Gorille.
Taverne du Corbeau Ecarlate, Darkshire.

Je dois être prudente, mais je ne dois pas céder à la paranoïa. Après la mésaventure d’il y a deux jours, j’ai commencé à avoir des soupçons. Et si Jorian avait fait semblant d’oublier l’accident avec le journal, pour mieux me frapper quand j’aurais le dos tourné ? Et s’il n’était pas aussi malade qu’il le prétend ? Et si c’était lui qui se servait de moi ?

Pour en avoir le cœur net, le lendemain de l’accident, je me suis changé en chat et je l’ai suivi dans les rues de Stormwind. Il a erré quelques temps avant de se rendre à la Cathédrale. Jorian suit-il ce culte absurde des humains ? Nous n’avons jamais eu l’occasion d’en discuter. Il s’est présenté à un prêtre et lui a demandé conseil… à propos d’un homme qu’il devait tuer dans la prison. J’en ai ronronné de soulagement. Il ne se souvenait de rien.

C’est alors qu’il a été interpellé par un groupe d’humains qui venait d’entrer dans la cathédrale. Ces gens avaient retrouvé l’un de ses carnets perdus dans la Marche de l’Ouest, et touché par sa situation tragique, le lui avait rapporté. Maintenant, ils lui proposaient son aide pour trouver un remède, pour trouver sa soi-disant femme Carol… cela ne me plaisait pas du tout. Sans réfléchir, j’abandonnais ma forme de chat et me glissais derrière lui. Il parut surpris de me voir, mais me présenta immédiatement à ses nouveaux amis. Dès que cela fut possible, je demandais à lui parler en privé, et l’attirais à l’écart.


Espionnage à la cathédrale.


Quel mensonge allais-je inventer cette fois ? Je lui demandais de tout noter dans ses carnets. Je lui parlais de nos ennemis. Ceux qui avaient enlevé Carol. Ils étaient partout, vicieux et fourbes. Il ne devait pas accorder sa confiance à la légère, à n’importe qui. C’est exactement ce que cherchait nos ennemis. Je connaissais nos ennemis, aussi pouvait-il me demander conseil avant d’accorder sa confiance. Il but mes paroles comme si c’étaient celles d’Elune. Tant de confiance en moi me mit mal à l’aise. Mais je fis taire ma culpabilité. Il valait mieux que ce soit lui qui soit paranoïaque pour de fausses raisons, plutôt que moi, pour de véritables.

Toutefois, j’ai encore quelques doutes sur la sincérité de Jorian. Je vais lui écrire une lettre pour lui demander de me rejoindre ici, à Darkshire. J’ai l’idée de le mettre dans une situation où il ne pourra tricher.

Ainsi, je serais assurée que Jorian l’Oubli est vraiment ce qu’il prétend.

(En parallèle, le Carnet n°9 de Jorian)



Jour 19


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9ème jour de la Décade du Gorille.
Taverne du Corbeau Ecarlate, Darkshire.

Ce matin, Jorian est arrivé à Darkshire pour me retrouver, comme prévu. Les villageois étaient affolés, car un avant-poste avait signalé qu’une bête monstrueuse se dirigeait par ici. Plusieurs aventuriers ont proposé de se joindre aux Veilleurs pour défendre le village, et Jorian a proposé que nous nous joignions à eux, comme je l’avais espéré.


En attendant la Bête de Darkshire


Nous avons préparé nos armes, et nous avons attendu. Une minute angoissante s’est écoulée, sans que rien ne se passe, et j’ai cru un instant que mon idée ne fonctionnerait pas. Soudain, Jorian a eu un de ses malaises, et oublié ce qu’il faisait là, à attendre sur la place du village, ses armes à la main. En temps normal, j’aurais usé de patience, comme toujours, pour lui expliquer la situation. Mais j’avais une autre idée en tête. Je lui ais dit que tout allait bien, qu’il était en train de me montrer ses nouvelles dagues, et que nous nous apprêtions à aller boire un verre à l’auberge.

Jorian m’a suivi dans l’auberge. Nous avons discuté tranquillement tandis qu’au sud du village, des gens mourraient. Lorsque les bruits confus du combat sont parvenus jusqu’à nous et que les discussions de l’auberge ont mentionné la Bête, j’ai fait un commentaire sur l’étrange folie dont étaient victimes les gens de ce village. Ce n’était pas difficile à croire, quand on voyait leurs airs terrifiés et l’atmosphère lugubre – et pas seulement selon les critères des Kaldorei – de Darkshire. Mon compagnon n’a pas bronché.

Jorian est quelqu’un de bon par nature, toujours prêt à voler au secours de ses semblables. Je suis certaine que s’il avait su ce qu’il se passait dehors, il aurait été incapable de rester là, impassible, sa boisson à la main. Maintenant je suis sûre, il ne me ment pas.

Un peu plus tard, une de mes sœurs nous a violemment interpellé, nous demandant si nous n’avions pas honte d’être assis bien au chaud tandis que d’autres avait donné leurs vies pour combattre la bête. Jorian avait l’air réellement interloqué. J’ai reparlé de cette folie qui hantait le village. Ma sœur a insisté. J’ai murmuré à l’oreille de l’humain : « Venez Jorian, je crois que cette personne se moque de vous. Allons-nous en. » Encore une fois, cette confiance aveugle qu’il semble avoir en moi a triomphé de l’évidence. Nous avons payé nos consommations, et nous sommes montés dans nos chambres.

Le lendemain, tout trace du combat de la veille avait disparu de Darkshire.



Jour 27


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7ème jour de la Décade de l'Ours.
Taverne du Marin Salé, Booty Bay.

Qu’ils soient tous maudits ! L’Ordre va mal. Parce que je tiens à rester près de Jorian aussi souvent que possible, ne serait-ce que pour le surveiller de loin, je n’ai pu assister souvent aux réunions ces derniers temps, et j’ai perdu mon influence. Un dénommé Anduyn, un druide parmi les plus fanatiques, en a pris le contrôle, et manipule les autres comme des pantins. Il les a séduit par ses paroles vicieuses et s’est fait élire Secrétaire de l’Ordre. Quant à moi, je ne suis plus qu’une exécutante, chargée de la formation de notre assassin.

Anduyn veut des résultats, rapidement. Il dit que mon plan n’est plus que la première étape que du sien, plus ambitieux, que je ne suis pas encore digne de connaître. Il m’a menacé. Si l’assassinat échoue une fois de plus, il se débarrassera de moi et prendra personnellement les choses en main. Il dit qu’il me réserve un sort pire que la mort.

Suivant une brusque impulsion, j’ai recontacté le capitaine Taak, pour m’engager dans son équipage, comme il me l’avait proposé. Ce sont des gens de toutes les races de l’alliance, un peu vulgaires, mais sympathiques. Ils semblent n’avoir d’autre souci que l’état de la coque du bateau, le nettoyage du pont, ou la météo en mer. Lorsque je suis parmi eux, je me sens bien, en sécurité. Pourront-ils me protéger si Anduyn met ses menaces à exécution ? C’est une idée absurde. Ils ne doivent pas être mêlés à cela.

Aujourd’hui, j’ai fait le trajet de Darkshire à Booty Bay en compagnie de Jorian. A la tombée de la nuit, nous avons monté un camp à l’entrée de la vallée de Stranglehorne. Le gentil Jorian a senti que quelque chose n’allait pas chez moi, et a tenté de me distraire. Nous avons passé un bon moment à discuter autour du feu de camp.
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Camp sur la route de Booty Bay


Puis, je ne sais pas ce qui m’a pris, je n’ai pu m’empêcher de parler de l’Ordre. Heureusement, j’ai pu me rattraper grâce à un nouveau mensonge. J’ai parlé d’une organisation secrète pacifique réunissant des membres de l’Alliance et de la Horde, dont aurait fait partie Carol, et qui chercherait à rédiger un véritable traité et à le faire signer par les puissants de ce monde.

Si seulement c’était vrai ! Parfois, je me prends à rêver d’une véritable paix, universelle, entre toutes les races d’Azeroth. Ce serait évidemment une bien meilleure solution que notre plan… si elle était réalisable. Je sais que c’est une idée absurde. La guerre est inscrite dans le sang des races inférieures, comme la Nature coule dans celui des Kaldorei. Les humains, les Orcs, et toutes les races inférieures doivent disparaître jusqu’au dernier. Alors, seulement, la guerre s’éteindra avec eux.

Ainsi est le plan, et ainsi il restera.

(En parallèle, le Carnet n°12 de Jorian)





Jour 51


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1er jour de la Décade du Faucon.
Auberge de la Fierté du Lion, Goldshire.

Ce que j’ai vu aujourd’hui m’a stupéfait. Je ne sais pas encore si je dois m’en réjouir ou m’en inquiéter. Quoiqu’il en soit, plus encore que les menaces d’Anduyn, cela m’a convaincu qu’il fallait mettre le plan à exécution, aussi rapidement que possible.

Hier soir tard, j’avais donné rendez-vous à Jorian à l’arène de Gurubashi, au nord de Booty Bay, pour mesurer les progrès de Jorian au combat et jeter un coup d’œil à ses carnets. Je lui ai parlé de Carol et de ceux qui l’avaient enlevé – une autre organisation secrète, ennemie de la notre, dont les membres ont intérêt à ce que la guerre continue - pour aiguiser sa rage. J’ai commencé à introduire en lui l’idée que le but de sa quête se trouvait à Orgrimmar, en Kalimdor. J’aimerais, dans la mesure du possible ne pas lui révéler sa mission en une seule fois comme telle, mais de lui amener petit à petit les éléments, afin qu’ils pensent tirer les conclusions lui-même.



Rendez-vous nocturne à l’arène de Gurubashi


Alors, quelque chose d’étrange s’est produit. Jorian a brusquement relevé la manche de sa tunique, relevant une cicatrice sur son bras. Il a parlé de danger, d’une femme, de guérison… De guérison ? Il n’avait aucun souvenir de la manière dont elle était arrivée là. La marque sur son bras, je l’ai senti tout de suite, n’était pas naturelle. Se pouvait-il que quelqu’un ait entrepris de soigner le pauvre Jorian ?

Pour en avoir le cœur net, je me suis empressé de conclure notre discussion, et j’ai renvoyé l’humain vaquer à ses propres affaires. Lorsqu’il s’est éloigné dans la nuit, je me suis changé en chat, et je l’ai suivi dans les bois. Il semblait se diriger vers le nord. Il a monté un campement dans la jungle, allumer un feu, puis s’est endormi. Le lendemain, il a repris sa route vers le nord, jusqu’à Northshire. Régulièrement, il s’arrêtait pour regarder sa cicatrice, parfois même s’écroulant à terre, terrassé par la douleur. Puis, il reprenait son chemin, comme s’il ne s’était rien passé. Pour ma part, j’étais plongé dans la plus profonde perplexité.

Enfin, la réponse est venue. Une jeune femme a interpellé Jorian, près de l’Abbaye de Northshire et ils ont discuté un moment, sans que je puisse entendre ce qu’ils se disaient ; je n’osais pas trop m’approcher. Puis, ils se sont installés à l’ombre d’un chêne, et la femme a commencé à réciter toutes sortes d’incantations, dont le but était visiblement de plonger Jorian dans un genre d’état hypnotique. Elle a ensuite glissé un bouquet de Pacifiques sous le nez de Jorian, qui s’est mis à sangloter comme un enfant. Brusquement, il se lève, saisit le sac contenant ses carnets, et le jette au loin, avant de s’enfuir en courant. La jeune femme, après l’avoir récupéré, s’est éloigné vers l’Abbaye.


La guérison de Jorian


Jorian est-il en train de guérir ? Je le sais pour m’être renseigné après avoir accidentellement altéré sa mémoire, il n’existe aucun antidote à la potion d’Oubli. Mais je n’ai interrogé que les voies de la Nature, la magie des humains, proscrite par les elfes, celle qui attire la Légion Ardente serait-elle une solution ? Jorian peut-il redevenir un être entier grâce à elle ? Et qu’arrivera-t-il dans ce cas là ? Jorian pensera-t-il que je me suis servi de lui ou comprendra-t-il qu’en l’occupant, je n’ai cherché qu’à le protéger, à donner un sens à sa vie ?

Plus grave encore, si Jorian redevient lui-même, qu’adviendra-t-il du Plan ?

(En parallèle, le Carnet n°18 de Jorian)




Jour 67


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7ème jour de la Décade de la Chouette.
Taverne du Marin Salé, Booty Bay.

Jorian part ce soir.

Je me souviens d’un poème des Temps Anciens, d’un Kaldorei dont le nom m’échappe. Il parlait du Temps qui glisse entre nos doigts, insaisissable, de la volonté de la Nature qui rétablit toujours l’ordre universel des choses. C’est exactement ce que je ressens à présent, comme si les évènements suivaient leur volonté propre sans que je sois capable d’agir sur eux.

Jorian était comme fou. Il m’a parlé de la thérapie qu’il suivait, des quelques fragments de souvenirs qui lui revenaient. Il m’a dit que jamais Carol n’y apparaissait. J’ai cru un instant qu’il avait deviné qu’elle n’était qu’un mensonge, mais non. Il était convaincu, au fond de lui, de ressentir de l’amour, et cela lui suffisait. Il n’était pas furieux contre moi, mais contre ceux qui lui avaient volé sa femme et sa mémoire, et contre lui-même ; il enrageait de ne pas pouvoir retrouver le souvenir de celle qui l’aimait. Il était déterminé à la retrouver, à n’importe quel prix. Jorian le gentil débordait de haine.

Je ne sais quel incident avait pu provoquer en lui une rage aussi profonde, mais, pour la première fois, je voyais toute la haine et la violence dont il était capable envers ses ennemis. Et, voyant cela, j’ai été terrifiée, j’ai compris que jamais plus je ne devais me trouver du mauvais côté de sa dague. Il m’a annoncé être prêt à partir pour Kalimdor pour y accomplir son destin. Il s’était arrangé avec le capitaine Taak pour pouvoir traverser discrètement la Grande Mer. Il voulait savoir tout ce que je savais, qui détenait Carol, où la trouver. Il m’a presque menacé.


Jorian, furieux, entre dans la taverne du Marin Salé


Que pouvais-je faire ? J’ai déclenché le plan, comme l’Ordre me presse de le faire depuis si longtemps, et j’ai envoyé Jorian à une mort certaine. Je lui ai raconté le mensonge que j’avais préparé de longue date. Carol avait été enlevé parce qu’elle s’apprêtait à dénoncer, au sein de l’organisation pacifique dont elle aurait fait parti, le seigneur des Orcs, Thrall, qui sous couvert d’être un pacifique, s’apprêtait au contraire à déclencher une guerre. Il devait tuer Thrall pour retrouver sa femme et empêcher qu’une nouvelle guerre n’éclate.

C’est faux, bien sûr. Tuer Thrall le pacifiste aurait déclenché une guerre d’une telle rage que la plupart des races inférieures aurait été exterminée. Alors, les Kaldorei, mené par l’Ordre, aurait achevé les derniers survivants. Des flots de sang inondant la terre, serait alors né un monde nouveau, sans orcs, sans humains, sans magie, sans la Légion Ardente, et où la Nature et la Paix éternelle aurait pu enfin régner. Tel est le Plan.

Mais à présent qu’il s’agit de sacrifier mon ami, j’ai des doutes au sujet du Plan de l’Ordre. Ou plutôt devrais-je dire, de mon Plan, de celui que j’ai élaboré au sortir de la Longue Veille. Mais tout était si différent, alors… Je sortais d’un sommeil de plusieurs millénaires, et j’avais du rattraper mon retard en quelques jours seulement, et plonger immédiatement dans une guerre qui s’était soldé par le massacre de mes frères et sœurs, mais aussi des humains et de ces répugnants orcs.

Après une longue nuit de méditation et de communion à la Nature, j’ai pris ma décision. Avant son départ, j’irais voir Jorian, je lui expliquerais tout, et je le laisserais seul juge de ce qu’il incombe de faire. Que la Nature, alors, ait pitié de mon âme.





Jour 100


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10ème jour de la Décade du Panda.
Quelque part en mer, entre Auberdine et Menethil.

Anduyn, chien de la Légion !

Cela fait près d’une demi-lune que je n’ai pas écrit et il y a tant de choses à dire ! Ils me sont tombés dessus, à Booty Bay, peu après que j’ai refermé mon journal, par surprise alors que j’étais en pleine Communion. Les sbires d’Anduyn, bien sûr, et pourtant, ce n’était pas des elfes, mais… deux hommes et un petit homme ! Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Des membres des races inférieures travaillant pour l’Ordre, pour le Plan visant à les supprimer ? Les races inférieures étaient elles à ce point vénales et corruptibles ? Après quelques jours de mer, nous sommes arrivés à Teldrassil où ils me conduisirent à une prison végétale, me confisquèrent jusqu’au moindre de mes bijoux, et m’abandonnèrent aux racines de l’arbre mange-tout.

Anduyn vint me rendre visite deux jours après mon arrivée en Teldrassil pour briser mon bâton de druide sous mes yeux et m’asséner sa vérité avec dédain. Tout ce temps, il nous avait fait surveiller, moi et Jorian. Lorsque mon ami s’était décidé à partir, il avait craint que je ne l’arrête et ne tente de le faire changer d’avis, et m’avait fait arrêter. A présent, il ne me gardait en vie que pour le cas où Jorian, une fois parti, renonçerait à sa tâche. Je pourrais alors servir, malgré moi, à le retrouver. Dans le cas contraire, je mourrais. Selon Anduyn, l’issue de cette affaire ne faisait aucun doute et dès que Thrall serait mort, il pourrait mettre en route son propre plan, que j’étais toujours indigne de connaître.

De longs jours mélancoliques s’écoulèrent, sans qu’aucune visite ne vienne troubler les longs après-midi, sans rien d’autre pour me nourrir ou me désaltérer que la sève de l’arbre-prison. Durant mes méditations, sans cesse, je pensais à Jorian. Où était-il à présent ? Avait-il rencontré Thrall ? Etait-il tombé devant Orgrimmar comme nos précédents assassins, où avait-il mené sa mission à terme ? Avais-je vraiment envie qu’il réussisse et déclenche la guerre ?


Prisonnière de l'Ordre à Teldrassil


Si cela devait arriver, je le savais, ce serait la plus terrible guerre qu’ait jamais connue le monde d’Azeroth. Ainsi était le Plan. Exciter les races inférieures pour qu’elles s’anéantissent mutuellement, au prix d’une guerre farouche qui ravagerait les terres d’Azeroth. Les jeunes civilisations ravagés par les flammes et le sang et, après des milliers d’années de deuil, enfin, la nature reprenant ses droits, la vie renaissant sur les ruines couvertes d’herbes folles. Mais avant cela, le cauchemar, la souffrance, les larmes…

Au bout de six jours d’angoisse, des pas sont se fait entendre dans le sous-bois où je me trouvais enfermée. Je redoutais d’entendre la voix hypocrite d’Anduyn m’annoncer la mort de Jorian et ma condamnation, mais il n’en fut rien. C’était Nolyannà, une autre membre de l’Ordre, et une amie de longue date, qui apportait avec elle mon sac à dos. Elle venait me libérer et tenter de me faire changer d’avis, pour me rallier à leur nouvelle cause.

« Ton humain est a échoué, Thrall est toujours en vie, et la guerre n’a pas éclaté. Mais cela n’a aucune importance à présent. L’Ordre est en train de devenir plus puissant que jamais. Anduyn nous enseigne à tous les arts occultes. » La démonologie ? Nolyannà a hoché la tête. « Il a découvert que la magie des Ombres, associée à la puissance de la Nature, est le plus puissant pouvoir qui soit en Azeroth. Nous aurons tout fait de débarrasser des races inférieures. » Etaient-ils tous devenus fous ? Avais-je vraiment initié tout cela ?

Il fallait que je sache ce qu’il était advenu de Jorian. Etait-il toujours en vie ? Avait-il été tué par Thrall ? J’ai pressé Nolyannà de questions. Elle a eut un petit sourire dédaigneux. « Ton humain est venu à Teldrassil. Il est… » Les seuls qu’elle a pu prononcer avant qu’un carreau d’arbalète lui déchire la gorge et qu’un flot de sang jaillisse sur ma robe. Les deux hommes qui m’avaient enlevés arrivaient en courant. Ils ont du penser qu’elle tentait de me libérer. Ma sœur s’écroule devant moi, il est trop tard pour elle.


Le grand plongeon


Sans plus réfléchir, je me suis changé en chat, j’ai cavalé jusqu’à la mer à travers la forêt, et j’ai plongé. J’ai nagé jusqu’à Auberdine, où je me suis faufilé dans le premier bateau pour les royaumes de l’est. Enfin, après m’être assuré que personne ne m’avait suivi, j’ai pu m’écrouler dans ma cabine, et pleurer ma sœur sacrifiée. Trois jours se sont écoulés depuis mon départ d’Auberdine, quinze depuis celui de Jorian, et une seule question m’angoisse…

Où est-il ?




Dernier jour


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2ème jour de la Décade du Gorille.
Taverne du Corbeau Ecarlate, Darkshire.


Par la Nature, qu’ais-je fait ?

J’ai passé les jours les plus exécrables de ma vie depuis mon retour de Teldrassil où les sbires de l’Ordre m’avait conduite de force. Folle de désespoir, rongée par la culpabilité, je me suis abandonnée à l’alcool des humains, et je me suis laissée aller doucement à la mort. Même la Nature n’a pas voulu me rappeler à elle. Après une nuit de cauchemar et de maladie, j’ai peu à peu repris conscience.

Jorian est-il mort ? Je n’ai pu obtenir que peu d’informations, ici, à Darkshire. Bien sûr, tout le monde sait qu’il a été jugé à Stormwind pour avoir violé le pacte de non-agression et avoir tenté d’assassiner Thrall. Le Procès de Jorian est encore sur toutes les lèvres. Le Procès de Jorian… pauvre humain amnésique, c’est moi qui devrait être jugé à sa place, pour ces actes terribles qui ont ébranlé l’espoir de paix en Azeroth.

Oh, Jorian, mon élève, mon enfant, mon amour, mon seul et unique ami, qu’ais-je fais de toi ? Il ne suffisait pas que je détruise ta vie passée par ma malédiction, que je transforme ton quotidien en une perpétuelle souffrance, il a fallu que je fasse de toi, le catalyseur du destin, celui dont l’Histoire se souviendra pour avoir irrémédiablement détruit tout espoir de paix en Azeroth. Des dizaines de générations maudiront ton nom comme celui de Sargeras, en pleurant le paradis que tu auras balayé sans comprendre le sens de tes actions, aveuglé par les odieux mensonges de la seule à qui tu accordais ta confiance.

Je sais aussi que Jorian est venu en Kalimdor, et que Nolyannà l’a rencontré. Etait-ce avant ou après le procès ? Cela corroborerait mes informations selon lesquelles Jorian aurait été envoyé à Teldrassil en compagnie d’une jeune humaine nommée Yster, par le juge Dredh. Mais dans quel but ? Pour me secourir ? Il n’a pas pu apprendre que l’Ordre m’avait fait enlevé. Pour me tuer en pensant que je m’étais enfui ? Pour affronter l’Ordre ? Quoiqu’il en soit, si Nolyannà l’a rencontré, c’est que l’Ordre l’a retrouvé, et si l’Ordre a mis la main sur Jorian… je frissonne rien qu’en y pensant.

Est-il déjà mort ? A cette seule pensée, une terrible nausée m’assaillit et je sens mon âme se déchirer de part en part. Comme le disait un poète des Temps Anciens… mais qu’avons-nous à faire des poètes, maintenant ? Bientôt, Azeroth sombrera dans un chaos tel que la Légion Ardente n’aurait pu en provoquer, et la guerre, mené par l’Ordre tout-puissant, ravagera les terres. Cela me semble à peine moins triste que de savoir que Jorian est peut-être mort. Moi, une elfe de la nuit, éprise d’un humain handicapé… Qu’ais-je encore à espérer de la vie ?

Il me faut partir, fuir le plus loin possible. Mais où disparaître, en Azeroth ? On finira toujours pas me retrouver. Il y a une solution, bien sûr, mais je redoute d’avoir à en arriver là. J’ai toujours prévu une issue de secours, au cas où, et le temps d’en user semble être venu. Il y a près ici, dans un vieux volcan éteint, un vieux Portail qui relie notre monde au Néant Distordu. C’est un monde instable, peuplé de démon, où le temps ne s’écoule pas, où la douleur est partout. A l’aide de la magie proscrite, je parviendrais peut-être à l’ouvrir l’espace d’un instant, et à m’y enfermer pendant un millier d’années.


L'ouverture du Portail


Mille ans de souffrance perpétuelle en cet enfer, je ne mérite pas mieux. Cela suffira-t-il à punir mes méfaits. La nature pourra-t-elle me pardonner mes actes odieux ? Dans mille ans, si la folie ne m’a pas anéanti, je reviendrais en Azeroth pour constater les conséquences de mes actes, et je serais jugée.

Adieu Jorian, Adieu Azeroth, Adieu… là où je vais, il n’y a que la mort et la désolation. Ceci est ma confession. Mon nom est Aërwen Telrunyà, et je suis une enfant de Cenarius.

Dans l’ancienne langue des Kaldorei, Aërwen signifie « sourire énigmatique ».